Morceaux d’étoffe ou d’une matière quelconque, déchirés, détachés, arrachés, écorchés.
Technique chirurgicale de reconstruction qui permet d'apporter du tissu pour réparer une perte de substance.
Lambeau(x) est inspiré de ma propre vie mais également de rencontres, de discussions, de témoignages, de lectures que j’ai eu l’occasion de vivre et de découvrir. Un constat sur la condition de la femme (passée et/ou contemporaine) s’est imposé à moi, m’influençant fortement dans mes choix esthétiques et symboliques.
L’installation que je propose, nous précipite dans un univers rempli de toutes sortes de créatures mi-humaines/mi- animales, dans une mise en scène théâtrale, fantasmagorique, poétique et intemporelle. Un monde fictionnel assez terrible, fait d’objets, de sculptures, de tapisseries invraisemblables au sens inattendu. La dimension des sculptures varie selon les sentiments recherchés. De très petites à très grandes, elles se ressemblent et sont uniques à la fois, tout en cohabitant.
C’est un voyage dans les bas-fonds de la tendresse et de la violence.
Dans ce voyage, le spectateur est amené à déambuler au travers d’une marée de corps. Une centaine de poupées de chiffon, blanches, cousues main en grande partie, sont suspendues dans le vide par grappe ou en solitaire. Chacune ayant sa personnalité, son histoire, ses blessures. D’autres, au sol ou sur les murs, se trouvent dans des postures très animales. On se cogne à des imageries venues d’un autre temps. Des individus à quatre pattes, suspendus, attachés, impudiques, désincarnés, toisants, cul-en-l ’air, règnent dans un chaos enveloppant. Leurs comportements peuvent être tour à tour agressifs, lascifs, érotiques, affectueux, tendres, répugnants. Des callipyges à têtes d’oiseaux, des femmes à pattes d’araignées, des êtres au corps abîmé, violenté, fatigué, des poupées à la mémoire traumatique sont vêtues de culottes brodées, de camisole, de muselière, de mousseline, de corsets de plombs, de perles, de dentelles, de fourrures ,... voilées, dévoilées, cuisses longues, ailes d’ange, toutes sont marginalisées, inadaptées et exceptionnelles !
C’est comme des visions, des rêves ou des cauchemars d’enfant.
Un monde onirique de tendresse tantôt fragile tantôt dominant, des émotions qui prennent le contrôle, des images qui se bousculent. L’interprétation qu’on peut y faire est très libre, opposant des sentiments divers comme l’oppression, la peur, le rêve, le rire, l’imaginaire. Chacun·e peut y trouver des bribes de sa propre histoire, avant même de rencontrer la mienne.
Un immense merci à vous, les artistes derrière l'objectif, qui avez su capturer l'essence de mon travail. Vos photos donnent une nouvelle vie à mon art. Cela compte beaucoup pour moi. Un clin d'oeil spécial à Bruno, le pilier logistique sans qui mes installations n’auraient pas vu le jour, son expertise a été essentielle à leurs réalisations.
" Que cette ornemaniste autodidacte, animée d’un besoin viscéral de réfléchir profondément sur le sens de la vie, en est venue à une démarche si particulière que son œuvre est absolument originale. Et qu'elle offre, cette année encore, une exposition sympathique, curieuse et fascinante, déroutante, réalisée par une créatrice résolument hors- les-normes ... "